DECLARATION DE LA SOCIETE DES EDITEURS DE LA PRESSE PRIVEE SUR LE CAMBRIOLAGE DU JOURNAL« L’EVENEMENT »

La SEP appelle à plus de liberté, de sécurité et de protection des femmes et hommes de media

Les locaux du bimensuel burkinabè, L’Evènement, dirigé par Bittiou Germain Nama ont été cambriolés dans la nuit du mercredi 30 au jeudi 31 juillet 2014. Profitant de la pluie tombante et trompant toute vigilance, des cambrioleurs se sont glissés par effraction dans les locaux du confrère, fouillant minutieusement différents endroits dont principalement les bureaux des responsables de l’organe. A ce jour, l’on signale la perte d’un ordinateur portable, des clés USB, un bloc-notes contenant des notes et une somme de deux cent soixante-dix mille francs CFA appartenant au rédacteur en chef du journal, Newton Ahmed Barry.

C’est donc avec stupéfaction que l’ensemble de la presse accueille la nouvelle d’autant plus que ce n’est pas le premier cas. De nombreuses interrogations se font sur les origines, les mobiles et les auteurs de ce énième cambriolage opérer au siège d’un journal.

Cette fois encore, non seulement le matériel de travail est visé mais la sécurité des lieux et des journalistes de l’Evènement se trouve gravement posée. En passant au peigne fin les objets du directeur de publication et de son rédacteur en chef et en emportant un ordinateur portable contenant des données importantes, cela interpelle sur la nature de ce cambriolage.

En outre, le caractère répétitif des actes de violation et de sabotage perpétrés dans le secteur des médias, qui demeurent un des piliers indispensables à la démocratie et au jeu des acteurs au Burkina Faso, questionnent fortement sur la liberté d’opinion et la liberté s’expression. L’insécurité quoique ambiante dans le pays ne saurait, elle seule, expliquer ni justifier ce quasi désir de prendre les journalistes pour cibles dans le cadre de leur profession et de vouloir les empêcher de faire leur travail qui n’est autre que de satisfaire le droit du public à l’information.

Depuis un certain temps, les professionnels de la presse sont victimes d’atteintes diverses sur leur personne ou dans leur lieux de travail, les cas sont légion, pouvant les intimider pour les contraindre à la peur et à l’autocensure. Il convient donc de rappeler que la liberté d’expression et de la presse ne sont les ennemies d’aucune catégorie sociale ou groupes donnés quel que soient le lieu, le moment et les intérêts en jeu.

Dans le contexte national actuel très fébrile et précaire au plan politique, la presse passe pour être une proie facile aux yeux des prédateurs et autres rapaces de la démocratie et de la paix sociale. Cela doit prendre fin.

Toute chose étant par ailleurs égale, l’inaction et le manque de réponse adéquate aux situations antérieures des pouvoirs publics et face aux menaces répétées, à l’insécurité dans le monde de l’information et le risque d’escalade, il urge que tout soit mis en œuvre pour sécuriser et protéger les journalistes partout où ceux-ci sont appelés à être. C’est à ce prix que l’Autorité tiendra ses engagements nationaux et internationaux de protection et de sécurisation des citoyens et leurs biens en général et de promotion d’une presse libre et indépendante sans laquelle il n’existe pas de démocratie ni d’Etat de droit.

En tout état de cause, la Société des éditeurs de la presse privée du Burkina Faso (SEP) :

- Dénonce et condamne avec la dernière énergie le cambriolage du siège de l’Evènement ;

- Témoigne sa solidarité avec les responsables du journal l’Evènement, les journalistes et tout le personnel de l’organe ;

- Réclame toute la lumière sur cet incident et attend que ses auteurs soient retrouvés et punis ;

- Proteste contre toutes les menaces multiformes contre les professionnels de l’information, la liberté d’expression et de presse au Burkina Faso ;

- Appelle à plus de liberté, de sécurité et de protection des journalistes dans l’exercice de leur profession en tout temps et lieu.

Fait à Ouagadougou, le 1er août 2014

Le président

Cheriff M. SY