Rencontre Think Tank Initiative à Nairobi -Kenya

En collaboration avec des think tanks de l’ITT[M1] , l’Economic Policy Research Centre (EPRC) et la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (FRCA), l’Initiative Think Tank à organisé deux événements consécutifs à Nairobi en ce mois de mai 2014.

Monsieur Cheriff président de la SEP et Chairperson of African Editors’ Forum a été invité à prendre part à ces deux évènements dont le premier qui s’est tenu du 19 au 20 mai était une table ronde avec pour thème : Renforcer la qualité des recherches en matière d’engagement politique en Afrique. Le deuxième était une conference du 21 au 22 mai portant sur les relations entre les think tanks et les universités – trouver les synergies.

Monsieur Sy sollicité pour être membre d’un panel portant sur le renforcement de la qualité de la recherche pour l’engagement dans la formulation des politiques a axé son intervention sur le nécessaire partenariat entre chercheurs, société civile et médias. Il dira en substance que les chercheurs, les décideurs politiques , les organisations de la société civile ( OSC) et les praticiens du développement des capacités vivent souvent dans des mondes trèsséparés . En conséquence , les données de recherche sont souvent peu prises en considération lorsque les politiques de développement sont formulées et mis en pratiques.

L’engagement des organisations de la société civile dans la formulation des politiques souffre très souvent d’un manque de documentation étayée de leurs positions. Et ce pour les raison suivantes :
Les organisations de la société civile incluant la presse en Afrique travaillent sur des budgets extrêmement serrés.
Les OSC sont souvent animées par des militants avec le risque que l’émotion prédomine dans leurs prises de position.
Elles dépendent très souvent d’organisations du Nord qui effectuent les recherches, formulent des positions et politiques sur lesquelles elles s’alignent.

En ce qui concerne les contraintes et obstacles au renforcement de la qualité de la recherche pour une meilleure implication dans la formulation des politiques, Monsieur SY a souligné un certain nombre de points qui sont autant valides pour les Osc que les médias. En effet , il a fait remarquer que :

1. La recherche coûte cher. Elle demande du temps et de l’expertise

2. L’implication trompe œil de la société civile par les pouvoirs publics dans la formulation des politiques (documentation de base soumise tard avant les consultations, documentation volumineuse ou technique, ostracisme des fonctionnaires, etc.)

3. L’accès à l’information détenue par les pouvoirs publics.

4. L’indisponibilité de l’information et des statistiques ou alors elles sont obsolètes ou incomplètes.

5. "L’arrogance" des chercheurs ou leur tendance à imposer leurs démarches et hypothèses aux autres acteurs comme les paysans, les Osc, etc.

6. Les résultats de recherche ne sont pas exploités ou capitalisés et restent dans les tiroirs. Pas de prolongement et de prise en charge des résultats de recherche par d’autres types d’organisations comme la presse, les Osc de plaidoyer, etc.

7. La recherche n’est pas orientée vers l’action.

Après ces points pertinents, il a plu à notre confrère de faire des propositions concrètes pour le renforcement des capacités. On retiendra que sans se vouloir exhaustif, il a mis quatre propositions en débat :
- promouvoir dans les projets des Osc et des universités des partenariats qui favorisent le prolongement vers l’action et la prise en charge des résultats de la recherche par d’autres types d’acteurs : Osc de plaidoyer, presse, organisations paysannes, etc...

- s’allier aux OSC pour faire adopter une loi sur l’accès à l’information

- appuyer le développement des capacités de recherche dans les Osc et la presse

- favoriser la vulgarisation des résultats de recherche en les "dépouillant" de leur technicité

- renforcer les compétences en communication des chercheurs.

L’intervention de Monsieur Sy à suscité des débats profonds et un fort intéressement qui a amenés les chercheurs à inscrire la question de la communication dans leur agenda et à intérioriser la nécessité de passerelle entre différents acteurs du développement.

Rappel L’initiative Think Tank est un programme qui vise a renforcer les capacités d’institutions indépendantes vouées à la recherche sur les politiques dans les pays en developpement. Lancée en 2008, l’ITT est administrée par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), un organisme canadien, et est le fruit d’un partenariat regroupant cinq bailleurs de fonds. Elle octroie actuellement un financement de base, non ciblé, à 48 think tanks répartis dans 22 pays. Ce soutien permet aux think tanks d’attirer, de conserver et de renforcer les talents locaux, d’élaborer des programmes de recherche indépendants et d’investir dans des activités de communication publique afin que les résultats de recherche éclairent et influencent les débats sur les politiques aux échelles nationale et régionale.